
Touchant hommage à Brian Mulroney par le professeur Pierre Garon
22 mars 2024
En cette veille des funérailles d’État du très honorable Brian Mulroney, les hommages abondent pour honorer les mérites de l’ancien premier ministre. Le professeur retraité Pierre Garon joint sa voix à celles de tous les autres qui saluent les accomplissements professionnels et les qualités humaines de l’homme politique.
Tous deux membres de la promotion 1963 de la Faculté de droit, Pierre Garon et Brian Mulroney ont eu le privilège d’entretenir des relations pendant des décennies. Dans son vibrant témoignage, le professeur Garon révèle un côté plus intime de son confrère d’études.
Avec «Merci, mon ami», il confie quelques beaux souvenirs sur un leader inspirant et un ami généreux.
Mon ami Brian
Il terminait toujours la conversation en disant: «Merci, mon ami.»
Venant de lui, nous étions honorés d’être qualifiés «d’ami.»
Personnellement, je n’ai pas été un de ses amis les plus intimes comme l’ont été Sonny Mass, Bernard Roy, Jean Bazin, Peter White, Michel Cogger et les autres. Cependant, nous nous sommes côtoyés de façon intermittente au cours des années.
À la Faculté, j’ai aimé participer avec lui aux spectacles de droit donnés au Palais Montcalm. Nous y avions formé un trio de chanteurs que nous nommions «le Chœur du banc de la reine» en référence au Chœur de l’Armée rouge. Aussi, Brian était le lecteur d’un bulletin de nouvelles et les «journalistes» intervenaient auprès des politiciens pour des interviews. Moi, j’imitais le très honorable Jean Lesage.
Aussitôt arrivé à la Faculté de droit, Brian s’est révélé être un étudiant attachant et déterminé dans sa façon de concevoir la vie universitaire. Il voyait déjà la gouvernance de notre cohorte comme un exemple d’efficacité.
À peine l’année universitaire était-elle commencée qu’il fallait élire les représentants à divers postes.
Qu’à cela ne tienne, Brian, d’un ton qui n’admettait pas de contestation, déclarait: «Toi, Eugène, tu vas être notre président, toi, Pierre, tu vas te présenter au poste de délégué à l’Association générale des étudiants de l’Université Laval (AGEL).»
Il faut comprendre celui qui parle ainsi. Brian n’a pas de temps à perdre. Il devance tous ses confrères de la classe dans sa façon d’entrevoir ses études en droit et la suite qui va naturellement arriver.
La suite, nous la devinions tous: c’est l’embarquement à bord du train Brian. Je parle du train Brian parce qu’il me semble que c’est la meilleure façon de décrire sa course vers son objectif que nous connaissions déjà à la Faculté: la course vers la plus haute charge politique au Canada, premier ministre du pays.
C’est ainsi que nous sommes tous montés dans le train sans le goût d’en descendre tant nous nous sentions bien avec lui comme conducteur et tant nous étions valorisés: «Salut mon Pierre, merci Eugène, merci mes amis!»
Brian était un fin psychologue. En quelques minutes, il détectait nos forces et nous étions ravis qu’elles soient identifiées par lui. Ce trait de caractère l’a bien servi éventuellement dans le choix de ses collaborateurs.
Le train Brian fonçait à vive allure. Il ne s’arrêtait guère, sauf pour faire monter de nouveaux amis. Nulle personne n’en descendait.
Disons-le, Brian était un perfectionniste et son objectif était précis. Rien ne pouvait contrecarrer sa voie.
Aujourd’hui, je suis triste que le train se soit arrêté.
Mais heureux d’avoir fait un aussi beau voyage.
MERCI, MON AMI!
Pierre Garon, criminaliste, criminologue, professeur à la retraite
Faculté de droit, Université Laval