Soutenance de thèse réussie pour Tohouindji Christian Hessou

28 novembre 2024

Le 27 novembre dernier, Tohouindji Christian Hessou a soutenu avec succès sa thèse de doctorat intitulée «La norme du lieu sûr dans les Conventions SAR et SOLAS: une analyse du droit international de la mer fondée sur la règle générale d'interprétation et la règle du non-refoulement». Cette thèse explore les obligations des États de coopérer pour garantir le débarquement des migrants secourus en mer, tout en conciliant les principes du droit de la mer, des droits de l'homme et du non-refoulement. Elle met en lumière la responsabilité des États côtiers et du pavillon dans ce processus.

Ému, Monsieur Hessou a tenu à remercier profondément sa famille pour son soutien inébranlable et son amour constant tout au long de ce parcours. Il a exprimé avec fierté et gratitude d'avoir surmonté les défis d'un doctorat exigeant, et ce, grâce à l'appui précieux de ses proches, malgré la distance. 

La direction facultaire salue les efforts déployés par monsieur Hessou et lui offre toutes ses félicitations!

Membres du jury


Résumé de la thèse

Les  traités  maritimes  imposent  aux  États  de  fournir  aide  et  assistance  à  quiconque  se retrouve en détresse en mer. Depuis 2004, devant les tensions qui affectent le sauvetage de migrants en mer et leur débarquement sur le territoire des États, deux conventions majeures régissant le secours en mer ont été amendées. Il s'agit de la Convention internationale sur la recherche et le sauvetage maritimes (Convention SAR) et la Convention internationale pour la sauvegarde de la vie humaine en mer (Convention SOLAS). Par le jeu de ces amendements, les Conventions SAR et SOLAS imposent aux États de coopérer afin de débarquer toutes les personnes  secourues  dans  un  lieu  sûr.  Mais  comment  se  caractérise  le  lieu  sûr  en  droit international?  Implique-t-il  un  devoir  d’asile  dans  le contexte  des  migrations  massives  par voie  maritime?  Quelles  sont  les  obligations respectives  des  États  côtiers  et  des  États  du pavillon  qui  coopèrent  dans  le  cadre  d'un  débarquement  des  personnes  en  lieu  sûr? Bien que  ces  questions  soient  déterminantes  à  l'application  des  amendements  et  des  directives qui  les  accompagnent,  les  réponses  que  les  États  y  apportent  varient  grandement.  Les éléments de réponse disponibles dans la littérature scientifique varient également selon les spécialités  du  droit  international  qui  sont  privilégiées  par  les  analystes.

En  se  fondant  sur l'article  31  de  la  Convention  de  Vienne  de  1969  sur  le  droit  des  traités  (règle  générale d'interprétation), la thèse propose une lecture d'ensemble des diverses branches pertinentes du droit international. Cette thèse démontre que la sélection du lieu sûr pour les personnes secourues doit prendre en  compte  toutes  les  grandes  exigences  du  droit  de  la  mer,  des  droits  de  la  personne humaine  et  du  droit  des  réfugiés  qui  régissent  la  sécurité  humaine.  Lorsque  le  migrant  en détresse  maritime  allègue  une  menace  de  torture,  de  mauvais  traitements,  de  persécution ou de dangers similaires dans son pays d'origine, sa sécurité est non seulement encadrée par le droit de la mer, mais elle est aussi garantie en droit par le principe du non-refoulement qui ne peut être ignoré pour son débarquement. C'est au prix de cette conciliation des régimes que  la  portée  du  lieu  sûr  peut  être  définie  généralement,  et  en  particulier,  que  ses implications  pour  les  migrants  irréguliers  seront  plus  intelligibles.  Une  des  conclusions  de l'interprétation suggérée est que les États côtiers qui exercent la compétence sur la région de recherche  et  sauvetage  (région  SAR)  du  lieu  de  secours ont la responsabilité  d’autoriser l'entrée  temporaire  des  migrants  sur  leur  territoire,  et  ce  à  défaut  de  toute  autre  solution conforme  au  droit  international.  Cette  entrée  temporaire  vise  à  garantir  les  droits procéduraux des migrants qui demandent l'asile et leur réinstallation plus tard dans un lieu libre  de  tout  danger  pour  leur  sécurité.  Toutefois,  le  lieu  sûr  ne  comporte  pas systématiquement  un  droit  d'asile  dans  un  État  fixe.  Par  exemple,  les  activités  de "secours-interception"  des  États  du  pavillon  dans  les  régions  SAR  d’États  côtiers  étrangers génèrent d'importants conflits négatifs de compétence qui sont susceptibles de faire basculer la répartition des responsabilités. La présente thèse examine la portée du lieu sûr au regard de tous ces facteurs.